Correspondance de Voltaire/1723/Lettre 90
Je reçois votre billet samedi matin, dans le temps que je vais partir pour Villars. J’envoie chercher Dubreuil dans le moment, à qui je donne 450 livres pour vous faire tenir une lettre de change de cette somme sur Larue, banquier à Rouen : 6 louis seront pour le prêteur, et 4 pour Viret, qui, j’espère, continuera la besogne.
J’ai reçu la parodie ; mais monsieur votre frère, que j’ai rencontré, étant instruit par vous de l’existence de cet ouvrage, et en ayant parlé à d’autres, cela m’engage à le supprimer, et vous apprendra à tous deux à être enfin un peu plus discrets.
Hier vendredi, je parlai de vous longtemps à Pâris l’aîné ; n’en pensez point tant de mal. Il a fait un petit nota sur une feuille de papier, qui signifie de fort bonnes choses pour vous, à ce qu’il prétend. J’en serai instruit sans faute à mon retour de Villars, et je viendrai à la Rivière vous en apporter la nouvelle. Adieu. Songez, je vous en prie, à rayer les deux vers :
Siège affreux, composé de ministres cruels,
Et toujours arrosé par le sang des mortels.
Et mettez :
Cette Inquisition, que l’univers abhorre,
Etc.
Je vous écris très-laconiquement, mais je vous aime de tout mon cœur.
Écrivez-moi toujours à l’hôtel Richelieu, et accusez la réception de la lettre de change.
- ↑ Éditeurs, Baveux et François.