Correspondance de Voltaire/1723/Lettre 98

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Correspondance de Voltaire/1723
Correspondance : année 1723GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 98).
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98. — À M. THIERIOT[1].

Ce lundi…

Je pars de Villars dans le moment. J’avais fait mon accommodement avec M. de Richelieu, à condition que j’irais le trouver à Sully ; mais je donne la préférence à la Rivière. Je vais coucher ce soir à Maisons. Je compte trouver une lettre de vous à l’hôtel Richelieu. J’en ai déjà reçu une de Villars, où vous me mandez de bonnes nouvelles de Henri ; mais vous ne me parlez point des trois cartons : songez, je vous prie, qu’ils sont tous trois d’une très-grande conséquence. Mandez-moi à Maisons[2], par Saint-Germain, comment on s’y est pris. Il pleut des critiques d’inès, où il est parlé de moi, tantôt en bien, tantôt en mal, et toujours assez mal à propos. Je crois que tous les poètes du monde se sont donné le mot de faire chacun une Mariamne. Vous trouverez la mienne bien changée à mon retour. Je me suis déterminé à ôter absolument à mon héroïne une passion qui, tout excusable qu’elle était, ne servait qu’à justifier sa condamnation, et par conséquent à diminuer la compassion qu’on doit avoir pour elle. La vertu de Mariamne sera désormais sans tâche ; mandez-moi si vous l’aimez mieux dans ce goùt-là. Adieu.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. C’est le château dit aujourd’hui Maisons-Laffitte.