Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 565

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 34-35).
◄  Lettre 564
Lettre 566  ►

565. — Á M. THIERIOT[1].
À Cirey, ce 22 février.

Je suis bien languissant, mon cher ami ; il faut que j’ordonne à mon cœur de n’être point bavard avec vous, cette poste-ci.

Ma santé ne m’a pas permis de retoucher la dédicace et le discours que je vous adresse ; mais je persiste, pour de très-bonnes raisons, à faire paraître ces deux pièces, attendu que j’aime la vérité et que je ne crains point mes ennemis.

Toute peine mérite salaire. Launai[2] a acquis mon mépris et mon indignation pour l’infâme conduite qu’il a tenue avec moi ; mais il lui faut un présent pour avoir lu Alzire aux comédiens : ce n’est pas à lui, mais à moi que je le donne.

J’ai songé à faire une autre galanterie à Berger.

Qu’est-ce qu’Alzirette à la Foire ? On dit qu’elle est de Lefranc ; je le voudrais.

Voici un paquet pour M. des Alleurs, s’il n’est pas encore parti pour Constantinople[3] ; s’il l’est, vous aurez la bonté de l’envoyer par la poste, par la voie de Marseille.

Je suis bien surpris de ne pas recevoir des nouvelles de monsieur votre frère ; c’est la première fois qu’un débiteur s’est plaint de n’entendre pas parler de son créancier.

Ménagez-moi toujours des juges et des amis comme Pollion elle petit B…[4].

Vous avez sans doute montré les deux discours[5] aux deux respectables frères[6], à qui j’ai tant d’obligation.

Vous avez dû recevoir de la main d’Émilie une lettre, qui vous dédommagera de tous les petits articles laconiques de ce billet-ci.

Adieu ; dans l’état de langueur où je suis, je crains bien d’aimer trop la vie. Je vous embrasse tendrement.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Auteur d’une comédie le Paresseux, jouée et tombée en 1733.
  3. Il allait y représenter la France.
  4. Ballot.
  5. Pour être imprimés avec Alzire.
  6. D’Argental et Pont-de-Veyle.