Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 572

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Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 45-46).
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572. — Á M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
À Cirey, ce 8 mars 1736.

Je vous envoie, mon cher abbé, votre quittance générale, assez inutile ; mais la voilà toujours. Je ne sais pas pourquoi vous voulez que j’envoie tous les jours des reçus de si petites sommes à Pinga. N’a-t-il pas un livre où il met tout cela ? N’est-il pas honnête homme ? Ne m’en remets-je pas à lui ? N’a-t-il pas de plus gros comptes à faire avec moi ? Ne vaut-il pas mieux que vous soyez le maître absolu de tous ces arrangements ?

J’accepte les Lancret et les Albane ; je vous dirai quand il faudra les envoyer. J’attends les quatre autres petites estampes pour Cirey. Pinga vendra les deux Marot, puisque la querelle survenue entre Thieriot et Launai a rendu la chose impraticable.

Voici une autre affaire, mon cher abbé. Je voudrais sous le dernier secret avoir quelque argent comptant chez un notaire discret et fidèle, qu’il pût placer dans l’occasion pour un temps, et que je pusse retrouver sur-le-champ en un besoin. Je suis très-mécontent du sieur Perret. Il a deux excellentes qualités pour un homme public : il est brutal et indiscret.

N’avez-vous point quelque notaire à qui vous pussiez vous confier ? Il faudrait, je crois, que le tout fût sous votre nom : vous me donneriez seulement un mot de reconnaissance sous seing privé. Voyez, mon cher abbé, si vous pouvez me rendre ce service. Le dépôt sera petit à petit d’environ cinquante mille francs, d’ici à deux ans, et peut-être davantage.

Mandez-moi ce que vous aurez fait sur cela.

Vous savez combien je vous aime et je vous estime, et à quel point vous pouvez en tout compter sur moi.

  1. Texte publié par M. Courtat : les Vraies Lettres de Voltaire à l’abbé Moussinot ; Paris. Ad. Lainé, 1875. — Sur l’abbé Moussinot, voyez tome XXXIII, la note 3 de la page 166.