Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 737

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Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 241-242).
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737. — À M. DU CLOS[1].
À Cirey, en Champagne, 3 avril 1737.

Si la personne, monsieur, que vous avez eu la bonté de nous proposer est encore dans le dessein de passer quelques années dans une campagne agréable, je crois que la chose n’est pas difficile, et j’imagine que Mme du Châtelet pourra bien lui pardonner le grand défaut de n’être pas prêtre. Je l’ai souhaité ardemment, dès que j’ai su qu’il était présenté par vous, et je le regrette tous les jours. Voudriez-vous bien voir, avec M. Thieriot, ce que l’on pourrait fniro pour avoir ce profane-là, au lieu d’un sacristain ? Il ne s’agit que de le présenter à M. le marquis du Châtelet, qui demeure rue Beaurepaire, au Chef Saint-Denis, dans la maison de Mlle Baudisson. Je crois que vous rendrez service à ce jeune homme et à ceux auprès de qui vous le placerez.

Tout le monde me parle d’Épître sur le Bonheur[2] qu’on m’attribue et que je n’ai point lue. Si vous savez ce que c’est, vous me ferez plaisir de m’en instruire. Je suis très-fâché que l’on fasse courir quoi que ce puisse être sous mon nom ; je me trouve si bien de ma tranquillité et de ma solitude, que je voudrais avoir toujours été inconnu, excepté du petit nombre de personnes qui vous ressemblent. J’ai raison d’appeler ce nombre très-petit.

On ne peut être avec plus d’estime que je le suis, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le premier des Discours sur l’Homme.