Correspondance de Voltaire/1737/Lettre 779

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Correspondance : année 1737GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 316-317).
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779. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 7 (octobre 1737).

J’ai reçu, mon cher abbé, votre billet du 30 septembre.

Commençons par les affaires :

1° Il est essentiel de prendre les voies juridiques avec M. le prince de Guise, et bienséant de mêler a cela toute la considération possible. Il faut donc signifier mon contrat à M. Gautier, et savoir en même temps quand il pourra payer. Cela fait pour la sûrelé de mes arrérages, vous pourriez parler ensuite au secrétaire de la commission, qui est le secrétaire de M. de Machault, et présenter requête, faire toutes formalités nécessaires,

2° Il faut faire assigner Demoulin, suivant son obligation de l’année passée, faite au mois de juin par devant Ballot, notaire, laquelle obligation est chez vous ou chez Robert, ou qu’il faut lever chez Ballot, prés des Quinze-Vingts.

3° M. de Richelieu m’a écrit que tout était aplani et terminé avec Mme d’Aubigné, C’est à vous à consommer avec l’intendant, que je vous prie d’assurer de ma reconnaissance.

4° En passant la transaction de ce transport que M. de Richelieu doit me faire sur ce reliquat dû par Mme d’Aubigné, ayez la bonté de ne pas oublier une assurance du payement régulier de ma rente de quatre mille livres. Je sais que cette rente est spécialement hypothéquée sur la terre du Faou. Si l’intendant veut, vous ferez accepter cette délégation par le fermier du Faou, ou par un autre fermier ; mais, en un mot, une délégation acceptée délivrera dorénavant l’intendant du soin de payer lui-même, et vous épargnera, à vous, beaucoup de soins et de pas.

5° J’attends des nouvelles de la pension, et, à l’égard des rentes sur l’Hôtel de Ville, je n’enverrai le certificat que dans le mois de janvier. On me devra deux années alors.

6° J’envoie par M. le marquis d’Entragues le paquet qu’il faudra faire remettre à Prault par monsieur votre frère. Prault donnera cinquante livres à monsieur votre frère. Je le supplie de vouloir bien les accepter, et d’ailleurs Prault donnera un billet conforme au modèle ci-joint, et rendra l’original de mon papier, sans en avoir pris de copie. Vous aurez la bonté de me renvoyer cet original, intitulé Papier que M. Moussinot fera lire à M. Prault.

Voici un autre billet pour M. Thieriot le marchand.

7° Vous aurez la bonté d’envoyer les cheminées de marbre, les deux statues raccommodées, les deux piédestaux, le tout bien conditionné, les deux globes avec leurs pieds, en attendant mieux. Je ne pourrai mettre dans ma galerie les estampes du Luxembourg. Nous les troquerons contre quelque autre chose.

8° J’ai prié, et je prie encore M. Pitot, excellent physicien, d’examiner tout ce que Deville peut m’envoyer. Nous ferons de toutes les machines, et de celles que vous achèterez ailleurs, un ou plusieurs ballots. J’arrange leurs places dans ma galerie.

9° J’attends les livres que j’ai demandés, et il y doit avoir trois Henriade reliées ; mais au lieu de trois, j’en demande six.

Nota que M. Moussinot ne délivrera le paquet à M. Prault qu’en cas que ledit Prault fasse le billet dont le modèle est ci-joint.

La poste va partir. Je vous embrasse très-tendrement, mon cher abbé.

  1. Édition Courtat.