Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 907

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 534-536).
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907. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 21 (juillet 1738).

En réponse à votre paquet du 19, mon cher ami. Je vous renvoie la préface de M. d’Arnaud. Je vous prie de lui mander sur-le-champ de la bien copier sur du papier honnête, et de tâcher, s’il se peut, de l’écrire d’une écriture lisible. Après quoi il vous la remettra, avec un mot d’avis qu’il écrira à messieurs les libraires de Hollande.

« A MM. Vestein et Smith, libraires à Amsterdam.

« Ayant appris, messieurs, qu’on fait à Amsterdam une très-belle édition des Œuvres de M. de Voltaire, je vous envoie cet Avertissement, pour être mis à la tête. Je l’ai communiqué à M. de Voltaire, qui en est content. Je ne doute pas, messieurs, que d’aussi fameux libraires que vous n’aient part à cette édition.

« Ainsi je m’adresse à vous sur votre réputation. Si ce n’est pas vous qui faites cette édition, je vous prie de rendre cette préface à ceux qui sont chargés d’imprimer ce livre, qu’on attend avec la dernière impatience, »

Vous aurez la bonté de faire mettre le tout à la poste, à l’adresse de MM. Vestein et Smith, à Amsterdam, et vous me renverrez le brouillon corrigé que je vous envoie.

J’ai reçu le télescope et les pantoufles. Le télescope est très-bien raccommodé, et ces pantoufles sont fort bien faites. Mes pieds et mes yeux vous sont fort obligés. Envoyez-moi encore, quand il vous plaira, trois paires de ces belles pantoufles.

Le procédé de Demoulin est d’un coquin, et celui de Lamare d’un grand étourdi. Je veux absolument que Demoulin paye au moins mille livres ce mois d’août, et qu’il donne des sûretés pour les deux mille restants : c’est ce qu’il faut que le procureur lui fasse dire, et cela, à condition qu’il me demandera pardon de l’insolence qu’il a eue de me menacer d’un mémoire. Sans ce préalable, je veux qu’on le poursuive à la rigueur.

À l’égard de M. d’Auneuil, voici ma lettre à monsieur votre frère ; il la lui montrera. J’insiste sur la délégation des maisons : il le faut absolument ; il est trop dur de valeter pour son payement.

Quand on viendra de la part de Vidal, dites qu’il envoie reprendre la montre à Cirey. L’autre petite montre que vous avez envoyée a fort bien réussi.

Je vous remercie d’avoir bien choisi le fondé de procuration pour transiger avec M. de Richelieu. Je conviens qu’en avril 1738 on me doit trois ans qui montent à douze mille livres.

On a donné 
 2,400 livres.
M. de Richelieu m’a donné, je crois, mille écus. 
 3,000          
 
____________
 
5,400 livres.

Resterait à payer 6, 600, et le courant.

Je vous ai écrit au sujet du sieur Dupuis, libraire, qui doit fournir pour environ quatre-vingts livres de livres, en lui rendant son billet, qui est, je crois, de quatre-vingt-seize livres. Il doit être content de mon procédé. De plus, il pourra me fournir des livres que je lui payerai comptant par vos mains, si vous le trouvez bon.

Je suis bien mécontent de la négligence de Prault, qui ne me fournit jamais les journaux, ni ce dont il est convenu, à temps.

Je vous prie de faire venir chez vous le chevalier de Mouhy, et de lui demander naturellement ce qu’il faut par an pour les nouvelles qu’il fournit, et ensuite je vous dirai ce qu’il faudra donner à compte. Il pourrait peut-être se charger d’envoyer les Mercure et pièces nouvelles.

À propos de pièces nouvelles, je vous prie de m’envoyer une rescription de quatre mille livres, et, sur ce, je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

Je prie monsieur votre frère de souscrire de ma part pour le livre de M. de Bremont. C’est une traduction des Transactions philosophiques. Il y a déjà deux tomes d’imprimés. Je prie qu’on les achète, et que M. de Bremont puisse savoir que je suis un de ses partisans.

  1. Edition Courtat.