Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 922

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 554-555).
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922. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 14 (auguste 1738).

Mon cher abbé, en réponse à vos deux lettres reçues à la fois :

1° Le billet qu’on vous a présenté est une simple prière conçue en ces termes : Je vous prie de donner au porteur la somme de… pour mon compte. Il n’y a ni valeur reçue, ni rien d’équivalent. Ainsi je crois que vous ne devez répondre autre chose, sinon que vous refusez d’accepter cette prétendue lettre de change. On ne peut vous assigner : vous n’êtes pour rien dans cela, et si on vous assignait, ce serait un coup d’épée dans l’eau ; et, pour moi, il faut m’assigner à Cirey, et je répondrai.

2° Ayez la bonté de donner à l’envoyé de M. Thieriot l’argent qu’il vous demandera. Cela va, je crois, à quatre ou cinq louis.

Voulez-vous bien m’envoyer un bâton d’ébène, long de deux pieds ou environ, pour servir de manche à une bassinoire d’argent ? je suis un philosophe très-voluptueux.

Je vois que les affaires sont dans une situation à pouvoir laisser les vingt mille livres à M. Michel.

Au chevalier de Mouhy cent francs pour une planche d’estampe, qu’il promettra livrer. Dix écus pour les nouvelles par lui envoyées.

S’il veut doux cents livres par an, à condition d’être mon correspondant littéraire, et d’être infiniment secret, volontiers. J’aurais mieux aimé mon d’Arnaud ; mais il n’a pas voulu seulement apprendre à former ses lettres.

Je vous prie d’envoyer ou de vouloir bien porter ce Mémoire à M. l’abbé Trublet, rue de Guénégaud, pour être inséré dans le Journal des Savants.

  1. Édition Courtat.