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Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1223

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Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 356).

1223. — À M. HELVÉTIUS.
5 janvier.

Je vous salue au nom d’Apollon, et je vous embrasse au nom de l’amitié. Voici l’ode de la Superstition[1] que vous demandez, et l’opéra[2] dont nous avons parlé. Quand vous aurez lu l’opéra, mon cher ami, envoyez-le à M. de Pont-de-Veyle, porte Saint-Honoré. Mais, pour Dieu, envoyez-moi de meilleures étrennes. Je n’ai jamais tant travaillé que ce dernier mois ; j’ai la tête fendue. Guérissez-moi par quelque belle épître. Adieu les vers cet hiver, je n’en ferai point : la physique est de quartier ; mais vos lettres, votre souvenir, votre amitié, vos vers, seront pour moi de service toute l’année. Avez-vous ce Recueil qu’avait fait Prault ? Pourquoi le saisir[3] ? Quelle barbarie ! suis-je né sous les Goths et sous les Vandales ? Je méprise la tyrannie autant que la calomnie. Je suis heureux avec Émilie, votre amitié, et l’étude. Vous l’avez bien dit[4] : L’étude console de tout.

Je vous embrasse mille fois.

  1. Voyez, tome VIII, l’ode vii et ses notes.
  2. Pandore. Cette lettre est la première où Voltaire parle de cet opéra.
  3. Voyez la note de la page 351.
  4. Helvétius a dit (voyez tome XXIII, page 22) :

    Étude, en tous les temps, prête-moi ton secours !
    · · · · · · · · · · · · · · ·
    Par toi l’homme est heureux au milieu des revers :
    Avec toi l’homme a tout, etc.