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Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2129

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Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 181-182).

2129. — À M. G.-C. WALTHER.
À Berlin, ce 28 septembre 1750.

On m’a dit, monsieur, que l’on avait publié sous mon nom, dans les gazettes, des vers qu’un jeune Français a faits ici pour des dames de Berlin. Il y a longtemps que je suis accoutumé à de pareilles méprises ; mais on a publié ces vers comme adressés à Son Altesse royale Mme la princesse Amélie, et cette méprise est trop forte[1].

Permettez-moi de me servir de cette occasion pour faire sentir au public combien on lui en impose en mettant souvent sur mon compte des ouvrages que je n’ai jamais lus. Il n’y a pas jusqu’aux compilateurs hollandais de mes prétendues œuvres qui ne les aient défigurées par les plus absurdes imputations. C’est un inconvénient attaché à la littérature ; et tout ce que je peux faire, c’est de me servir des papiers publics, et surtout des gazettes sages et autorisées, pour réclamer contre un abus dont tous les honnêtes gens se plaignent, et qui demande d’être réprimé par les magistrats.

Vous me ferez beaucoup de plaisir de rendre ma lettre publique. Je suis parfaitement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Voyez la lettre qui précède.