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Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2201

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 252-253).

2201. — À M. DARGET.
1751.

Mon cher ami, j’ai tout terminé, dans la crainte que la prisée des diamants, et un appel ridicule que le juif voulait faire ne me retînt encore quinze jours, et ne m’empêchât d’aller dans cette retraite du Marquisat, après laquelle je soupire. Il ne tenait qu’à moi de pousser à bout ce scélérat d’Hirschell ; mais j’ai mieux aimé en user trop généreusement, après l’avoir fait condamner, que de le punir par la bourse comme je le pouvais. Enfin ce chien de procès est absolument fini ; je n’attends que la permission du roi de venir m’établir pour quelque temps dans la solitude ; j’ose espérer qu’il me sera permis de venir travailler dans la bibliothèque de Sans-Souci, et que le philosophe qui a bâti ce palais n’oubliera pas tout à fait un homme qui lui a consacré sa vie. Peut-être que ce voisinage me rendra ma santé ; mais si je suis condamné à toujours souffrir, je souffrirai à Potsdam moins qu’ailleurs, et si l’Apollon de ces climats veut encore me faire lire, ce qui a fait jusqu’ici mon bonheur, j’oublierai tous mes maux. Il est comme les anciens magiciens, qui guérissaient tout avec des paroles enchantées.

J’attends, encore une fois, la permission que je demande ; sans quoi j’aurais fait un bien mauvais marché. Demandez-la-lui donc pour moi, mon cher ami, et nous arriverons, mes petits meubles et moi, pour venir vivre en ermite. Je vous embrasse.