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Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2298

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 334-335).

2298. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Berlin, le 14.

J’ai quitté la rive fleurie
Où j’avais fixé mon séjour,
Pour aller près de Rottembourg,
De qui la personne chérie

Chez Pluton allait faire un tour,
Pour un peu de gloutonnerie.
Lieberkind et sa prud’homie
L’allaient dépêcher sans retour
Pour en faire une anatomie ;
Mais votre lecteur La Mettrie
Vient de le rappeler au jour.
La grave charlatanerie
À tout à fait l’air d’un Caton ;
Pour moi, j’aime assez la raison
Sous le masque de la folie.
Que la veine hémorroïdale
De votre personne royale
Cesse de troubler le repos !
Quand pourrai-je d’un style honnête
Dire : « Le cul de mon héros
Va tout aussi bien que sa tête » ?


Abraham Hirschell vient de jouer à monseigneur le margrave Henri à peu près le même tour qu’à moi. Pardonnez, sire, j’ai toujours cela sur le cœur, et je mourrais de douleur sans vos bontés.