Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2500

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 553-554).

2500. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[1].

Vous aurez dû, monsieur, vous apercevoir par les lettres de M. de P… et de M. de B… que je ne veux avoir ici de protecteur que vous, et que je ne veux ni choquer le roi de Prusse, ni compromettre le roi notre maître. Vous sentez quel besoin j’ai d’avoir l’honneur de vous parler et de vous ouvrir mon cœur. Je ne peux sortir : le roi de Prusse ne manquerait pas de dire que j’ai assez de santé pour aller chez vous, et que je n’en ai pas assez pour aller chez lui.

Je suis d’ailleurs réellement très-malade. Je suis honteux de la peine que vous avez prise si souvent de venir me consoler. Voyez si vous voulez que je hasarde de venir chez vous dans un de vos carrosses, à nuit close, quand il vous plaira, quand vous n’aurez rien à faire, quand vous voudrez m’entendre et me conduire. Je me flatte que l’exposition de toute cette tracasserie, ma résignation et mes sentiments, augmenteront encore vos bontés pour moi.

  1. Éditeur, Th. Foisset.