Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2534

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 7).

2534. — RÉDACTION D’APRÈS CE PRÉCIS[1].
16 mars 1753.

Il n’était pas nécessaire que vous prissiez le prétexte du besoin que vous me dites avoir des eaux de Plombières, pour me demander votre congé. Vous pouvez quitter mon service quand vous voudrez ; mais, avant de partir, faites-moi remettre le contrat de votre engagement, la clef, la croix, et le volume de poésies[2] que je vous ai confié. Je souhaiterais que mes ouvrages eussent été seuls exposés à vos traits et à ceux de Kœnig. Je les sacrifie de bon cœur à ceux qui croient augmenter leur réputation en diminuant celle des autres. Je n’ai ni la folie ni la vanité de certains auteurs. Les cabales des gens de lettres me paraissent l’opprobre de la littérature. Je n’en estime cependant pas moins les honnêtes gens qui les cultivent. Les chefs de cabales sont seuls avilis à mes yeux.

Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.

  1. Ce billet fut inséré, par les soins mêmes du roi, dans les gazettes de Hollande et d’Utrecht, avec la date du 15 mars. (Desn.)
  2. C’est l’Œuvre de poëshie, dont il est question dans les Mémoires, et dans la lettre de Voltaire à l’empereur d’Allemagne, du 5 juin 1753.