Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2666

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 142-143).

2666. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Le 21 novembre.

La goutte, qui s’est jointe à tous mes maux, m’a privé de la consolation d’écrire aux deux sœurs de l’île Jard. Je suis digne de figurer avec M. le chevalier de Klinglin[1]. Je profite vite d’un petit moment d’intervalle pour faire des coquetteries à l’île Jard, du fond d’une salle basse[2] de Colmar. Que dit-on dans cette île de la nouvelle recrue que font les provinces, de vingt-cinq conseillers au Châtelet ? Voilà environ deux cent quatre-vingt-dix personnes à qui le Bien-Aimé[3] procure des retraites agréables. Il me parait que les affaires de la préture vont plus lentement. Je vous supplie, madame, de me dire s’il n’y a rien d’arrangé, et de vouloir bien ne me pas oublier auprès de monsieur votre fils, quand vous lui écrirez. J’ignore encore quand mon ombre pourra venir vous faire sa cour. Portez-vous bien. Quand on a tâté de tout, on voit qu’il n’y a que la santé de bonne dans ce monde. Permettez-moi d’y ajouter l’amitié.

  1. Celui qui était paralytique.
  2. Voltaire, chez M. Goll. occupait un appartement au rez-de-chaussée. (Cl.)
  3. Surnom de Louis XV.