Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2699

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 174-175).

2699. — À M. DE MALESHERBES[1].
À Colmar, 24 février.

Monsieur, les maladies qui m’accablent, et qui me mènent où M. de La Reynière est allé[2], me privent de la consolation de vous témoigner de ma main combien je suis sensible à tout ce qui vous regarde. Permettez, monsieur, qu’en même temps j’aie l’honneur de vous adresser le procès-verbal ci-joint. Je mets aussi sous votre protection une lettre à monseigneur le chancelier. La calomnie va vite, et la vérité va lentement. Pourquoi faut-il qu’il soit si aisé de dire au roi que j’ai fait un livre impertinent, et qu’il soit si difficile de dire que je ne l’ai pas fait ? L’acte public[3] que j’ai l’honneur de vous envoyer doit servir au moins à démontrer mon innocence, s’il ne sert pas à faire cesser une persécution injuste. Personne n’est plus à portée que vous de rendre gloire à la vérité, et peut-être un mot de votre bouche, dit à propos, m’empêcherait de mourir hors de ma patrie. Quoi qu’il arrive, je serai jusqu’au dernier moment, avec bien de la reconnaissance et du respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

P. S. Je vous supplie instamment de vouloir bien empêcher l’entrée d’un nouveau libelle intitulé Nouveau Volume du siècle de Louis XIV, et imprimé à la Haye, chez Jean Van Duren.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il venait de mourir d’indigestion.
  3. C’est le procès-verbal de la comparaison faite par-devant notaire de l’Abrégé publié par Néaulme et du manuscrit de Voltaire. Voyez tome Ier.