Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2715

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 191).

2715. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
À Colmar, le 13 mars.

Grand merci, madame, de votre consolante lettre ; j’en avais grand besoin, comme malade et comme persécuté : ce sont des bombes qui tombent sur ma tête en pleine paix. Il n’y a que deux choses à faire dans ce monde : prendre patience ou mourir. Mme du Deffant me mande qu’il n’y a que les fous et les imbéciles qui puissent s’accommoder de la vie ; et moi, je lui écris que, puisqu’elle a des rentes sur le roi, il faut qu’elle vive le plus longtemps qu’elle pourra, attendu qu’il est triste de laisser le roi son héritier, quelque bien-aimè qu’il puisse être.

Comment trouvez-vous, madame, la lettre du garde des sceaux[1] à monsieur l’évêque de Metz ? Pour moi, je crois que l’évêque de Metz l’excommuniera. Le trésor royal est déjà en interdit. Je me flatte de venir, au temps de Pâques, faire ma cour aux habitantes de l’île Jard, et de leur apporter mon billet de confession.

On va plaider bientôt ici l’affaire de monsieur votre neveu[2], et de madame votre belle-sœur. Cela est bien triste, mais je ne vois guère de choses agréables. Supportons la vie, madame ; nous en jouissions autrefois. Recevez mes tendres respects.

  1. J.-B. Machault d’Arnouville.
  2. Le baron d’Hattstatt.