Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2788

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 260).

2788. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Schwetzingen, ce 17 septembre.

J’ai relu jusqu’à trois fois, monsieur, la tragédie[1] que vous m’avez fait le plaisir de m’envoyer. J’y ai toujours trouvé de nouvelles beautés. Enfin j’en suis enchanté, et suis bien empressé de la faire jouer. Pourtant, si je savais que votre santé vous permit bientôt de vous donner la peine de recorder les acteurs, j’attendrais encore pour avoir le plaisir complet, d’autant plus que, bien que je n’y aie rien trouvé de trop allégorique aux affaires du temps, je ne voudrais pas la faire donner sans votre aveu, dont je ne doute pourtant pas, croyant que vous ne voudriez pas priver le public de la satisfaction de voir et d’admirer une si belle pièce. Trois ou quatre personnes de goût qui l’ont lue n’ont pu en faire assez l’éloge, et elles en ont été touchées jusqu’aux larmes. Je vous assure, monsieur, que l’estime qu’on doit avoir pour des talents si supérieurs ne peut qu’augmenter ; et c’est avec ces sentiments que je suis, etc.


Charles-Théodore, électeur.

  1. L’Orphelin de la Chine.