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Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3295

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 160).

3295. — À M. PICTET,
professeur en droit.
Monrion, 16 janvier.

Mon très-aimable voisin, les Délices ne sont plus Délices quand vous n’êtes plus dans le voisinage ; il faut alors être à Monrion. Votre souvenir me console ; et l’espérance de vous revoir, au printemps, me donne un peu de force.

Je suis bien honteux pour ma nation qu’il y ait encore des Ravaillac ; mais Pierre Damiens n’est heureusement qu’un bâtard de la maison Ravaillac, qui a cru pouvoir tuer un roi avec un méchant petit canif à tailler des plumes. C’est un monstre, mais c’est un fou. Cet horrible accident ne servira qu’à rendre le roi plus cher à la nation, le parlement moins rétif, et les évêques plus sages.

Réjouissez-vous à Lyon, avec la meilleure des femmes et la plus aimable des filles, et comptez sur l’inviolable attachement des deux solitaires suisses.