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Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3312

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 172).

3312. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH.
À Monrion, près de Lausanne, pays de Vaud, 8 février.

Madame, je crois que la suite des nouvelles[1] que j’ai eu l’honneur d’envoyer à Votre Altesse royale lui paraîtra aussi curieuse qu’atroce, et que le roi son frère en sera surpris.

Il a eu la bonté de m’écrire une lettre où il daigne m’assurer de ses bonnes grâces. Mon cœur l’a toujours aimé ; mon esprit l’a toujours admiré, et je crois que je l’admirerai encore davantage.

L’impératrice de Russie me demande à Pétersbourg pour écrire l’histoire de Pierre Ier ; mais Pierre Ier n’est pas le plus grand homme de ce siècle, et je n’irai point dans un pays dont le roi votre frère battra l’armée.

Je ne sais si la nouvelle du changement de ministère en France est parvenue déjà à Votre Altesse royale. On croit que l’abbé de Bernis aura le premier crédit. Voilà ce que c’est que d’avoir fait de jolis vers.

Madame, madame, le roi de Prusse est un grand homme.

Que Votre Altesse royale conserve sa santé ; qu’elle daigne, ainsi que monseigneur, honorer de sa protection et de ses bontés ce vieux Suisse qui lui a été tendrement attaché avec le plus profond respect, dès qu’il a en l’honneur d’être admis à sa cour ! Qu’elle n’oublie pas frère V…[2] !

  1. Relatives à l’attentat du 5 janvier précédent.
  2. À la suite de cette lettre, Beuchot donne le bulletin de d’Argenson, qui forme le n° 3301.