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Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3400

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 249-250).

3400. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET.
Aux Délices, 22 août.

Un Cramer, mon cher maître, m’a dit de vos nouvelles, que vous vous portiez mieux que jamais, que vous vous souvenez encore de moi, et que vous voulez que j’envoie mon maigre visage pour mettre à côté de votre grosse face. Tout cela est-il vrai ? et ma physionomie ne sera-t-elle point de contrebande ? Que faites-vous de tant de portraits ? Bientôt le Louvre ne les contiendra pas. Portez-vous bien et conservez-vous, voilà le grand point ; c’est peu de chose d’exister en peinture. Si j’avais un portrait de Cicéron, je l’encadrerais avec le vôtre. Mais pour moi, je ne serai tout au plus qu’avec Campistron ou Crébillon. Dites-moi, je vous prie, si, révérence parler, vous n’êtes pas notre doyen ? Il me semble que cette sublime dignité roule entre M. le maréchal de Richelieu et vous.

J’ai bien une autre question à vous faire. Olivet n’est-il pas dans mon voisinage près de Saint-Claude ? N’allez-vous jamais chez vous ? Ne pourrait-on pas espérer de vous voir dans mon ermitage des Délices ? Je mourrais content. Intérim, vale, et tuum discipulum ama.