Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3481

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 324).

3481. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 10 décembre 1757.

Vous savez sans doute le général prussien de Bevern fait prisonnier de guerre par le général Beck le 22 novembre, Breslau rendu au prince Charles de Lorraine le 23, et les trois bataillons prussiens qui étaient restés dans la ville, obligés de ne point servir de toute la guerre. Ce sont là les plus heureux soldats du roi de Prusse. Je reçois une lettre de madame la margrave, et des compliments de monsieur son frère, à qui il faudra en faire bientôt de très-grands de condoléance. Madame la margrave ne savait pas encore la perte de Breslau, et elle croyait la bataille indécise. Le roi de Prusse était certainement allé en Lusace. Où irait-il à présent ? Retournera-t-il pour se joindre aux Hanovriens contre M. de Richelieu ? Ira-t-il se faire tuer par les Autrichiens ?

Madame la margrave témoigne la plus sensible reconnaissance pour les sentiments de la personne respectable que vous voyez quelquefois. Je voudrais que son frère s’abandonnât entièrement à ses conseils, et que, voyant sa gloire affermie et ses États perdus, il se remît entièrement et de bonne foi à l’arbitrage du roi. S’il s’obstine, il risque à la fin d’être mis au ban de l’empire, à moins que le diable ou nos sottises ne lui donnent encore des ressources.

  1. Revue Suisse 1855, page 489.