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Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3513

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 353-354).

3513. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
À Lausanne, 5 janvier.

Je ne me porte pas assez bien, mon cher monsieur, pour vous répondre en vers ; mais mon état languissant ne m’empêche pas de sentir le mérite des vôtres.

Mêlez, je vous prie, à vos vers un peu de prose qui m’instruise des détails de la victoire qu’on dit remportée, le 26 décembre, par M. le maréchal de Richelieu. Je n’ai encore que des bruits vagues. Il est bien étrange que cette nouvelle ne soit pas encore confirmée dans un pays qui a trois régiments à notre service dans cette armée. On dit Mme la duchesse d’Orléans malade, sans espoir de guérison. Cette triste nouvelle est-elle vraie ? La mort est partout, dans les palais, dans les chaumières, dans les champs de carnage, qu’on appelle les champs d’honneur ; et les douleurs du corps et les peines de l’esprit sont pour la vie.

Écrivez-moi, vous me rendrez la vie douce.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.