Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3608

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 446).

3608. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 19 mai.

Mon cher et respectable ami, je bénis actuellement les Anglais qui ont brûlé votre maison. Puissiez-vous être payé, et eux confondus ! Pardon de vous importuner de l’Encyclopédie. Vous aimeriez mieux une tragédie ; mais il faut que je m’adresse à vous, pour ne pas perdre mon temps. J’ai fait des recherches très-pénibles pour rendre les articles Histoire et Idolêtrie intéressants et instructifs ; je travaille à tous les autres. Mon temps m’est très-précieux. Ce serait me faire perdre une chose irréparable, m’outrager sensiblement, et donner beau jeu aux ennemis de l’Encyclopédie, d’avoir avec moi un mauvais procédé, tandis que je me tue à faire valoir cet ouvrage, et à procurer des travailleurs. Je vous demande en grâce d’exiger de Diderot une réponse catégorique et prompte. Je ne sais s’il entend les arts, et s’il a le temps d’entendre le monde. Mon cher ange, vous qui entendez si bien l’amitié, vous pardonnerez mes importunités.