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Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3661

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 500-501).

3661. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 20 septembre.

On ne sait plus que croire et que penser, madame. Hier, tout le monde avoue que les Russes ont été détruits ; aujourd’hui, tout le monde avoue que les Russes sont ressuscités pour battre le roi de Prusse. La nouvelle vous sera venue de Paris de la défaite des Anglais auprès de Saint-Malo. C’est du baume sur la blessure que la perte de Louisbourg nous a faite. Je voudrais bien, en qualité de curieux, et encore plus d’homme pacifique, savoir ce que c’est que cet armistice entre le maréchal de Contades et M. le prince de Rrunswick ; je voudrais un armistice éternel entre les hommes.

Je vous remercie de tout mon cœur, madame, des petites coquetteries que vous faites en ma faveur en Lorraine. Vous savez combien j’aimerais une terre qui me rapprocherait de vous : mais M. de Fontenoy[1] veut à présent vendre trois cent mille livres son Champignelle[2], qui ne rapporte pas plus de six mille livres de rente. Mme de Mirepoix et Mme de Boufflers veulent me vendre Craon ; mais il est substitué, et ce marché est difficile à conclure.

Puisque Colini a l’honneur de vous faire quelquefois sa cour, je vous prie instamment, madame, de lui faire dire que je lui ai écrit deux fois par M. Turckeim, le banquier, et que j’ignore s’il a reçu mes lettres[3]. Mme Denis vous présente ses respects : autant en fait son oncle le Suisse. Il est plein de reconnaissance pour le petit mot dont vous l’avez honoré dans certaine lettre[4]. Portez-vous bien surtout.

  1. Le comte de Fontenoy, ou Fontenoy-sur-Moselle, prés de Toul.
  2. Voyez lettre 3645.
  3. Nous ne connaissons que la lettre du 2 septembre.
  4. À Mme de Pompadour.