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Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3674

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 515).

3674. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 4 octobre.

Les batailles décisives et complètes n’ont été ni complètes ni décisives ; mais ce qui est complet, c’est le malheur des peuples, et ce qui est décidé, c’est que nous sommes des fous. Je tâche d’être philosophe dans ma retraite ; mais je suis bien plus sûr de mon amitié pour vous que de ma philosophie.

Que la guerre continue, que la paix se fasse, vivamus et bibamus. Le sucre, le café, tout cela est devenu bien cher, grâce aux déprédations anglicanes. Il faudra bientôt demander à ces pirates d’Anglais la permission de déjeuner. Dieu les confonde, eux et leurs semblables qui désolent l’Europe ! et Dieu vous tienne en joie !

La retraite du fils de Priam m’est suspecte. Ce rat se retire dans son fromage de Hollande, parce qu’il sent que les souris vont mourir de faim.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.