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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4959

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4959. — À M. FYOT DE LA MARCHE[1].
9 juillet, aux Délices.

Votre dessinateur me mande, mon grand magistrat, que vous êtes à Dijon ; puissiez-vous y être le conciliateur de la cour et du parlement ! Je n’ai point reçu le paquet que vous aviez eu la bonté de me promettre. Je l’attends ; il s’agit de vos intérêts et de votre repos, qui me sont également chers.

Je suis au quatrième tome de Corneille, c’est une occupation bien douce ; mais elle cesse de l’être puisqu’elle me coûte le bonheur de vous faire ma cour à la Marche. Je ne puis quitter un instant, il faut corriger deux feuilles par jour ; il faut souvent comparer l’espagnol et l’anglais au français dans les sujets qui ont été traités chez ces trois nations ; il faut avoir toujours raison : c’est là une terrible tâche. Laissez-moi, respectable ami, à mon atelier cette année, et je vous réponds que, si M. Trouchin me fait vivre, je suis à vos ordres en 1763.

Permettez-vous que je joigne ici une lettre pour M. de Vosge ? Je commence à douter que je vous aie adressé un de ses dessins que je vous renvoyais. Il aime les grosses figures ; à la bonne heure. Il me paraît qu’il y a du gran’gusto dans sa manière. Je vous remercie encore une fois de m’avoir prêté cet artiste.

Vous venez de perdre le boursouflé Crébillon[2].

Dum flueret lululentus, erat quod tollere velles[3] ?

Adieu, monsieur ; conservez vos bontés à l’homme du monde qui vous est attaché avec le plus tendre respect. V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Mort à Paris le 17 juin 1762, à quatre-vingt-huit ans.
  3. Hor., lib. I, sat. iv.