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Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4967

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 171).

4967. — À M. PALISSOT.
Aux Délices, 16 juillet.

Je vous dois beaucoup de remerciements, monsieur, de la bonté que vous avez eue de m’envoyer votre dernière pièce. Vous savez que votre style me plaît beaucoup ; il est coulant, pur, facile ; il ne court point après les saillies et les expressions bizarres, et c’est un très-grand mérite dans ce siècle. J’aurais peut-être désiré que vous n’eussiez point choisi un sujet si semblable à celui des Ménechmes[1], et qui n’en a pas le comique. Peut-être même, si vous vous étiez donné le temps de vous refroidir sur votre ouvrage, vous auriez supprimé quelques notes qui peuvent vous faire des ennemis. J’ai toujours été affligé que vous ayez attaqué mes chers philosophes, d’autant plus que vous prîtes le temps où ils étaient persécutés ; j’avoue que j’ai pris les mêmes libertés, mais c’est avec des persécuteurs, avec des ennemis de la littérature, avec des tyrans. Les gens de lettres devraient sans doute être unis : ils pensent tous au fond de la même façon. Pourquoi déchirer ses frères, tandis que les persécuteurs les fouettent ? Cela me chagrine dans ma retraite, où je ne voulais que rire. Comptez toujours, monsieur, sur les sentiments, etc.

  1. Voyez la note 4, page 168.