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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5212

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 409).
5212. — À M. MOULTOU[1].
2 mars 1763.

Mon très-cher et très-aimable prêtre, vous avez très-grande raison de vouloir qu’on fasse sentir que la mauvaise métaphysique jointe à la superstition ne sert qu’à faire des athées.

Les demi-philosophes disent : Saint Thomas est un sot, Bossuet est de mauvaise foi : donc il n’y a point de Dieu.

Il faut dire au contraire : donc il y a un Dieu, qui nous apprendra un jour ce que Thomas d’Aquin ne savait point et ce que Bossuet ne disait pas. Je me suis fort étendu sur cette idée dans un chapitre précédent.

Croiriez-vous que je n’ai plus de pompignades[2] ? Il en faut refaire, il n’est pas juste que vous en manquiez.

L’affaire des Calas prend le meilleur train qui soit possible. Je me flatte toujours qu’on tirera un très-grand bien de cette horrible aventure.

Mme Denis est toujours bien malade.

Je finis en vous embrassant avec le plus tendre respect.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Quelque satire de Voltaire contre Lefranc de Pompignan, une des victimes habituelles de sa verve railleuse.