Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5217

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 412).

5217. — À M. MOULTOU[1].

J’ai le malheur, monsieur, de n’être pas plus content des lettres de Warburton que du livre de Bolingbroke ; mais je le suis extrêmement de votre manière de penser équitable et tolérante, et très-reconnaissant de votre bonté.

Je persiste toujours à croire que M. Debrus gronde un peu trop notre pauvre Mme Calas. Il ne changera pas le caractère de cette femme, et il ne lui donnera point d’esprit. Plaignons-la, servons-la, et ne la contristons point. L’affaire ira cent fois mieux que je n’avais osé l’espérer.

Je vous assure que si on réforme, comme je le crois, l’abominable arrêt des assassins visigoths en robe noire, ce sera pour nous une consolation bien touchante.

Je deviens bien sourd, mais je n’en suis pas moins sensible. Je le suis surtout à votre extrême mérite.

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien dire a Mme la duchesse d’Enville que, sans mes oreilles, je serais à ses pieds tous les jours.

Soyez bien persuadé de ma respectueuse estime.

  1. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe.