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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5282

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5282. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.[1]
8 mai.

C’est beaucoup, mon cher adepte, d’avoir ôté, comme vous avez fait, toutes les mauvaises herbes qu’on avait voulu faire croître dans votre jardin ; on y sème ensuite ce qui paraît le plus convenable. C’est un grand point d’avoir secoué le joug de l’erreur et de savoir bien positivement ce qui n’est pas. On peut tranquillement ignorer alors ce qui est, et s’en tenir au plus vraisemblable, jouir doucement de la vie, et attendre la mort sans crainte.

Je suis très-affligé de l’interruption de votre voyage et des raisons qui vous ont retenu. Je me serais fait un plaisir bien sensible de vous embrasser, et de raisonner avec vous de philosophie. Si vous voulez y joindre un peu de physique, je vous supplierai d’y joindre votre remède pour les bœufs malades. Si vous avez aussi quelque secret pour la vieillesse et pour la faiblesse, je vous prie d’en gratifier un vieillard qui vous aime de tout son cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.