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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5293

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 481-482).

5293. — À M. LE DUC DE PRASLIN.
Au Délices, 21 mai.

Monseigneur, mes anges m’ayant envoyé de votre part la copie de votre lettre circulaire, et m’ayant appris que vous protégiez la Gazette littéraire, que même vous ne seriez pas fâché que je fournisse quelques matériaux à cet ouvrage, j’ai senti sur-le-champ mon zèle se ranimer plus que mes forces. J’ai broché un petit essai sur les productions qui sont parvenues à ma connaissance ce mois-ci : je l’ai envoyé à M. de Montpéroux, à qui j’ai voulu laisser une occasion de vous servir, loin de la lui disputer ; je connais trop l’envie qu’il a de vous plaire pour vouloir être dans cette occasion autre chose que son secrétaire.

Je me trouve heureusement plus à portée que personne de contribuer à l’ouvrage que vous favorisez, et qui peut être très-utile ; j’ai des correspondances en Italie, en Angleterre, en Allemagne, et en Hollande. Si vous l’ordonnez, je ferai venir les livres nouveaux imprimés dans tous ces pays ; j’en ferai et enverrai des extraits très-fidèles, que vous ferez rectifier à Paris, et auxquels les auteurs que vous employez à Paris donneront le tour et le ton convenables.

Si ma santé ne me permet pas d’examiner tous les livres et de dicter tous les extraits, vous pourriez me permettre d’associer à cet ouvrage quelque savant laborieux dont je reverrai la besogne ; vous sentez bien qu’il faudrait payer ce savant, car il serait Suisse.

J’ajoute encore qu’il faudrait, pour être servi promptement, et pour que l’ouvrage ne fût point interrompu, faire venir les livres par la poste : en ce cas, je crois qu’on pourrait écrire de votre part aux directeurs des postes de Strasbourg, de Lyon, et de Genève, qui me feraient tenir les paquets. En un mot, je suis à vos ordres ; je serai enchanté d’employer les derniers jours de ma vie, un peu languissante, à vous prouver mon tendre attachement et mon respect.