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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5331

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5331. — À M. LE COMTE DE SARBETI.
Au château de Ferney, en Bourgogne[1].

Monsieur, je suis vieux, malade, surchargé d’inutiles travaux : voilà trois excuses de n’avoir pas répondu plus tôt à la lettre dont vous m’honorez. Je les trouve toutes trois assez désagréables, m’accommodant comme je peux des désagréments de la vieillesse de Corneille, qu’il faut pourtant faire imprimer, parce que le public, qui a plus de curiosité que de bon goût, veut recueillir les sottises comme les bons ouvrages. Je vois, monsieur, que vous aimez la vérité. Vous ne pardonnez sans doute à mes talents que parce que vous avez vu combien cette vérité m’est chère. J’espère que vous en trouverez quelques-unes dans la nouvelle édition de mon Essai sur l’Histoire générale. J’avais ébauché le genre humain, je me flatte à présent de l’avoir peint.

Je crois qu’en effet MM. Cramer, libraires, donneront un volume séparé de ces additions. Je leur laisse absolument tout le soin de la typographie, auquel je n’ai nul intérêt. Le mien est de dire la vérité autant qu’il est en moi. Ma récompense est le suffrage des hommes de votre mérite.

Je suis, avec les sentiments les plus respectueux, etc.

  1. Cette lettre, toujours classée en décembre 1763, doit être du mois de juin. (G. A.)