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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5348

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5348. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
Ferney, 26 juillet.

Vraiment, monsieur, vous en parlez bien à votre aise, vous à la fleur de l’âge, dans le sein des belles-lettres et des plaisirs ! Vos yeux sont excellents, vous écrivez quand vous voulez ; et moi, je suis un pauvre vieillard infirme qui a les neiges des Alpes sur la tête. J’ai voulu jouer un rôle de vieux bonhomme sur mon petit théâtre ; mais on ne m’entendait plus. Je suis obligé de renoncer à cet agréable amusement, qui me consolait.

J’ai reçu aujourd’hui une lettre de notre cher Goldoni. Je me flatte toujours qu’il passera chez nous à son retour ; mais je suis toujours réduit à faire des souhaits impuissants. Il me vient souvent des Italiens et des Anglais : la première question que je leur fais est pour savoir s’ils ont vu M. le marquis Albergati Capacelli ; s’ils ne l’ont pas vu, ils ne sont pas trop bien reçus.

On dit que M. Algarotti est malade à Bologne ; ce sont les deux ambassadeurs vénitiens revenant d’Angleterre et de Paris qui me l’ont dit ; ils prétendent que sa maladie est très-sérieuse. Je suis très-affligé de son état, et quoique je sois plus malade que lui, je vais lui écrire un petit mot.

Adieu, monsieur, on ne peut-être plus sensible que je le suis à vos bontés.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.