Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5358

La bibliothèque libre.

5358. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
3 auguste.

Je dois cette lettre à Lekain, et je supplie mes anges de vouloir bien la lui faire donner quand ils iront à la Comédie.

Si mes anges m’avaient renvoyé ma drogue, je la leur aurais dépêchée sur-le-champ, corrigée autant qu’on corrige pour la première fournée, et cela aurait été encore un amusement pour mes anges.

On dit que le président Hénault est fort malade. Il semble qu’il retombe bien souvent : cela fait peine. Je voudrais bien savoir s’il joint à sa maladie celle de la dévotion. Serait-il bête à ce point-là, avec l’esprit qu’il a ? Mais les gens faibles, quelque esprit qu’ils aient, sont capables de croire que deux et deux font cinq. J’ai une autre maladie : c’est d’être sensiblement affligé de voir tant de faiblesse dans des hommes de mérite. On me console beaucoup en me disant que le président n’a pas infiniment de compagnons de sa maladie d’esprit. Le nombre des sages augmente, dit-on, à vue d’œil. Dieu soit loué ! c’est tout ce qu’on veut dans Alep.