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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5449

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Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 26).

5449. — À M. COLINI.
À Ferney, 7 novembre.

Mon cher ami, je suis actuellement très-affligé des yeux. On n’a pas soixante-dix ans impunément dans un pays de montagnes. L’honneur dont vous me dites que Son Altesse électorale pourrait me gratifier serait une consolation pour moi dans ma chétive vieillesse ; je serais plus flatté du titre de votre confrère que d’aucun autres[1]. Je vous supplie de présenter mon profond respect et ma reconnaissance à monseigneur l’électeur. Je lui ai écrit[2] pour lui dire combien j’admire son établissement, mais je n’ai pas osé lui demander d’en être.

L’édition de Pierre Corneille, dont j’ai été obligé de corriger toutes les épreuves pendant deux années, m’a retenu indispensablement à Ferney et aux Délices. Ce travail assidu, qui n’a pas été le seul, n’a pas peu contribué à la fluxion horrible que j’ai sur les yeux. Mon cher ami, quoi qu’en dise Cicéron, de Senectute, la fin de la vie est toujours un peu triste. Je vous embrasse.

  1. Je lui avais mandé que l’électeur venait d’établir à Manheim une académie des sciences, et que ce souverain désirait qu’il en fût membre honoraire. Son Altesse électorale avait daigné m’y admettre. (Note de Colini.)
  2. Cette lettre est perdue.