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Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5499

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5499. — À MM. LES COMÉDIENS FRANÇAIS[1].
Au château de Ferney, 30 décembre.

Je suis aussi sensible au mérite de messieurs et de mesdames les pensionnaires du roi et aux témoignages de leur bienveillance, que je me sens incapable de faire des ouvrages dignes de leurs talents. Je les prie d’agréer mes sincères remerciements. Si mon âge, ma mauvaise santé, et la perte des yeux dont je suis menacé, me permettent de travailler à la tragédie d’Olympie, je ne manquerai pas de la leur envoyer incessamment.

La retraite, que mon état me rend absolument nécessaire, me laisse le regret de n’être pas le témoin de leurs talents, et de ne pouvoir mêler mes applaudissements à ceux qu’ils reçoivent du public. Ils savent que j’ai toujours regardé leur art comme un de ceux qui font le plus d’honneur à la France et qui méritent le plus de considération. Les obligations que j’ai à leurs grands talents ont augmenté en moi ces sentiments que je conserverai toute ma vie.

Je me flatte qu’ils sont persuadés de l’estime, du zèle et de la reconnaissance avec lesquels j’ai, etc.

  1. Éditeur, M. P. Régnier, ex-sociétaire de la Comédie-Française.