Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5522

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 85).

5522. — À M. BERTRAND.
Ferney, 13 janvier.

Je vous prie, mon cher philosophe, de relire la fable d’Ésope ou de La Fontaine[1], dans laquelle on introduit un héron qui refuse pour son dîner une carpe et une tanche, et qui se trouve trop heureux de manger un goujon. Il est si rare de trouver des acheteurs d’une marchandise de cabinet que je vous conseille de saisir l’occasion qui se présente. Si cette occasion manquait, vous ne la retrouveriez plus. Saisissez-la, croyez-moi :


· · · · · · · · · · Connobbi pur l’inique corti.

(Le Tasse, Jérusalem délivré, ch. VII, st. xii.)

On peut changer d’avis d’un jour à l’autre, et alors vous vous repentiriez bien de n’avoir pas accepté ce qu’on vous a offert. Songez qu’il y a des jésuites à Manheim.

Adieu, mon cher philosophe ; ne m’oubliez pas auprès de M. et de Mme de Freudenreich, et comptez que je suis à vous pour la vie. V.

  1. Livre VII fable iv.