Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5674

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 241).

5674. — À M. LEKAIN.
17 juin.

J’ai vu, mon cher et grand acteur, ce jeune ex-jésuite auteur de ce drame barbare[1]. Il dit qu’un opéra-comique est beaucoup plus agréable ; il prétend que ces trois coquins qu’on donne immédiatement après ce coquin de Cromwell[2] révolteraient le public, et que voilà trop de barbaries ; il dit qu’on mourra de chaud au mois de juillet, et que la pièce fera mourir de froid ; il dit qu’il ne faut aux Welches que de la tendresse. Je ne peux, au pied des Alpes, savoir quel est le goût de Paris ; je m’en rapporte à vous, et je vous plains de jouer la comédie pendant l’été. Heureusement votre salle est fraîche aux pièces nouvelles. Il est à croire que votre ex-jésuite on fera une belle glacière : sans cette espérance, je vous aurais conseillé de vous habiller de gaze.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. Le Triumvirat.
  2. Voyez page 238.