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Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5758

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Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 315).

5758. — À MADEMOISELLE CLAIRON.
10 septembre.

Votre estampe est digne de vous et de M. Vanloo, mademoiselle ; c’est un très-beau tableau qui passera à la postérité, ainsi que votre nom. La grâce que le roi vous a faite[1] montre que les arts ne sont pas entièrement abandonnés. Je me flatte que le roi ne fera pas la même grâce au curé de Saint-Sulpice[2]. J’ai vu, dans quelques papiers publics, que ce prêtre avait fait banqueroute, et j’en ai été très-édifié. Ce qui est bien sûr, c’est que ce maraud-là ne m’enterrera pas. Je souhaite que vous enterriez tous ceux de Paris, et que vous ayez autant de bons acteurs qu’il y a de curés et de vicaires. Comptez, mademoiselle, sur le véritable attachement de celui qui a l’honneur de vous écrire.

  1. La princesse de Gallitzin, admiratrice de Mlle Clairon, avait fait peindre cette actrice par Carle Vanloo, dans le rôle de Médée. Ce tableau étant en la possession de Mlle Clairon, le roi Louis XV ordonna qu’il fût gravé à ses frais, et fit présent à l’actrice de la planche.
  2. Dulau d’Allemant.