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Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5803

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Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 360-361).
5803. — À M. COLINI.
Ferney, 27 octobre.

Mon cher ami, j’étais tout prêt à partir, j’allais venir en poste vous embrasser, me mettre aux pieds de Leurs Altesses électorales, et passer avec elles le reste de l’automne. Mes maux, et surtout ma fluxion sur les yeux, ont tellement redoublé que je suis actuellement privé de la vue, et que tout ce que je peux faire, c’est de signer mon nom au hasard. Me voilà entre quatre rideaux : ma vieillesse est devenue bien malheureuse. Je perds avec ma santé plus d’une consolation de ma vie ; mais si les bontés de monseigneur l’électeur me restent, je ne me croirai point à plaindre.

Avez-vous entendu parler d’un Dictionnaire philosophique portatif qu’on débite en Hollande ? Je me le suis fait lire : il est détestablement imprimé, et plein de fautes absurdes ; mais il y a des choses très-singulières et très-intéressantes. C’est un recueil de pièces de plusieurs auteurs. On en a déterré quelques-unes de moi, qui ne sont pas les meilleures. Le reste est fort bon. Adieu ; je vous embrasse de tout mon cœur.