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Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5834

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5834. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
30 novembre.

Je vois, mon cher philosophe, que vous avez perdu un adepte qui sera difficile à remplacer. Ce que vous me mandez de lui, et le petit billet qu’il écrivit avant sa mort, me donnent bien des regrets. On dit que vous avez aussi perdu monsieur votre père ; il était d’un âge à ne devoir s’attendre à vivre plus longtemps. Il n’aura pas sans doute écrit un billet semblable à celui de votre ami. Les choses se tournent bien différemment dans les têtes des hommes. Il y a l’infini entre celui qui a lu avec fruit, et celui qui n’a rien lu : le premier foule à ses pieds les préjugés, et le second en est la victime. Songez à rétablir votre santé. Pour peu que vous joigniez la sobriété à vos autres mérites, vous n’aurez pas plus besoin des médecins du corps que de ceux de l’âme. Je vous embrasse de tout mon cœur ; je vous serai attaché pour le reste de ma vie, qui ne peut être bien longue.