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Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6562

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 490).

6562. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
5 novembre.

Nous verrons, mes anges, si ce petit paquet sera encore soufflé comme les autres. Vous connaîtrez J.-J. Rousseau ; il est digne de se lier en Angleterre avec d’Éon et Vergy[2]. Il est vrai qu’il n’y a point de galères en Angleterre ; mais les Anglais ont des îles et possèdent le grand pays du Canada, où ces messieurs ne figureraient pas mal parmi les Hurons.

Les Genevois sont devenus fous d’Olympie ; on la joue tous les jours, et à trois heures il n’y a plus de place. Tâchez donc que cet hiver Mlle Durancy puisse inspirer à Paris la même folie. Tout le monde a vu Olympie, hors moi, qui suis dans mon lit. Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ? il faudrait que les fripons de la littérature ne dérangeassent pas mon repos et ne me fissent pas perdre un temps précieux. Je suis enchanté de M. Marin, et je vois, par les services qu’il me rend, combien il vous est dévoué.

Respect et tendresse.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Qui publiaient des factums contre l’ambassadeur de France.