Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6637
Je reçois, monsieur, votre lettre du 20. Je vous demande en grâce de me dire combien vous avez tiré d’exemplaires de la pièce[2] de mon ami. Je vais bientôt vous en donner une de moi, intitulée les Scythes. Je vous supplierai très-instamment de n’en pas tirer plus de sept cent cinquante exemplaires, et de laisser, si vous pouvez, les deux dernières feuilles composées, parce que, suivant les remarques et les critiques que l’on fera, je corrigerai la pièce pour une seconde édition ; et ces deux feuilles n’étant point déformées, vous coûteront moins de temps et moins d’argent.
Je suis enchanté d’avoir trouvé un homme de lettres tel que vous, qui peut être à la fois mon libraire et mon juge.
M. de La Harpe, qui est chez moi, a remporté, comme vous savez, le prix de l’Académie[3]. Je suis heureux cette année en libraires et en élèves.
Je vous aurai, monsieur, une très-grande obligation si vous voulez bien faire imprimer dans l’Avant-Coureur et dans le Mercure le petit avis ci-joint[4]. Je ne peux encore vous dire à qui il faudra envoyer des exemplaires du Trinmvirat ; défaites-vous seulement de votre édition le plus tôt que vous pourrez.