Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6747

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 113-114).
6747. — À M. LEKAIN.
14 février.

Probablement mon grand peintre tragique commencera les répétitions des Scythes dans le temps qu’il recevra ma lettre. Je vous avertis, mon cher ami, que je fais partir aujourd’hui, à l’adresse de M. le duc de Praslin, un exemplaire marqué A B dans lequel vous trouverez encore quelques petits changements fort légers. Cette copie est chargée de notes qui disent aux acteurs dans quel esprit la pièce a été composée. Il n’y en a point pour Athamare, parce que c’est vous qui le jouez.

Le rôle d’Obéide ne sera point du tout difficile, si l’actrice veut seulement jeter un coup d’œil sur ces notes. Je suppose que M. Molé sera en état de jouer Indatire, qui n’est point du tout un rôle fatigant. Je crois qu’en général la pièce favorise assez le jeu des acteurs. Il y a plusieurs morceaux qui ne demandent que de la simplicité ; mais je vous avoue que je ne saurais souffrir cette familiarité comique qu’on introduit quelquefois dans la tragédie, et qui l’avilit ridiculement au lieu de la rendre naturelle.

Je ne croyais pas, à mon âge, donner encore une pièce à représenter ; mais, quand on est soutenu par vos talents, il n’y a rien qu’on ne puisse hasarder.

Je pense que vous donnerez le rôle d’Obéide à Mlle Durancy. Je vous prie de l’embrasser pour moi des deux côtés, si elle veut bien le souffrir.