Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6819

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 190-191).
6819. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT.
À Ferney, 1er avril.

J’ai reçu, mon chevalier, une quantité prodigieuse de paquets contre-signés, depuis deux mois, tantôt vice-chancelier, tantôt ministres, tantôt Sartines. Je me souviens, entre autres, d’un imprimé fort éloquent sur les évocations. Je ne crois pas qu’il fût accompagné d’une lettre de vous.

On me rend d’ordinaire toutes les lettres qui me sont adressées, et surtout celles qui sont à contre-seing. Il me semble n’en avoir point reçu de vous depuis le mois de février. Si ma mémoire me trompe, si ma mauvaise santé me rend négligent, daignez me plaindre ; si je n’ai pas reçu vos lettres, plaignez-moi encore davantage. Elles font ma consolation ; peu de choses me sont plus chères que les témoignages de vos bontés.

On dit qu’il y a eu beaucoup de bruit à la première représentation des Scythes, et qu’il y avait dans le parterre des barbares qui n’ont nulle pitié de la vieillesse. Vous serez plus indulgent, vous pardonnerez à un vieillard un peu languissant une lettre si écourtée ; elle serait bien longue si j’avais le temps de vous exprimer tous les sentiments que je conserverai pour vous toute ma vie. Mme Denis et toute la maison vous font les plus tendres compliments.