Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6867

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 244-245).
6867. — À M. LA COMBE.
À Ferney, avril.

Si vous m’aviez pu répondre plus tôt, monsieur, je vous aurais envoyé tous les changements que j’ai faits à mesure pour mon petit théâtre de Ferney, et votre nouvelle édition des Scythes aurait été complète. Je vous les envoie à tout hasard par M. Marin.

Je compte toujours sur votre amitié, et je vous prie de donner un petit honoraire de vingt-cinq louis d’or à M. Lekain, pour toutes les peines qu’il a bien voulu prendre : car, quoique cette pièce ne fût point faite du tout pour Paris, il faut pourtant témoigner sa reconnaissance à celui qui s’est donné tant de peine pour si peu de chose. Je suppose que la pièce a quelque succès : si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager ; vous n’avez qu’à parler.

Je voudrais vous avoir donné un meilleur ouvrage ; mais, à mon âge, on ne fait ce que l’on veut en aucun genre ; on boit tristement la lie de son vin.

Mandez-moi, le plus tôt que vous pourrez, quel est l’auteur[1] du Supplément à la Philosophie de l’Histoire de feu M. l’abbé Bazin, mon cher oncle. C’est un digne homme, qui mérite de recevoir incessamment de mes nouvelles ; mais vous me ferez plus de plaisir de me donner des vôtres.

N. B. Je suis bien fâché contre vous de ce que, dans votre Avant-Coureur, vous imprimez toujours français par un o. Je vous demande en grâce de distinguer mon bon patron saint François d’Assise de mes chers compatriotes. Imprimez, je vous en prie, anglais, français. Si j’osais, j’irais jusqu’à vous prier de mettre un a à tous les imparfaits, etc. ; mais je ne suis pas encore assez sûr de votre amitié pour vous proposer une si grande conspiration.

  1. Cet ouvrage est de Larcher ; voyez l’avertissement de Beuchot, tome XI.