Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6949

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 322-323).
6949. — À M. DAMILAVILLE.
22 juillet.

Je ne puis que vous répéter, mon cher ami, que je suis très : fâché que Lavaysse soit le beau-frère de La Beaumelle, mais que ce n’est pas une raison pour que je me laisse accabler par les calomnies de ce malheureux. Mon Mémoire[1], présenté aux ministres, a eu déjà une partie de l’effet que je désirais. Le commandant du pays de Foix a envoyé chercher La Beaumelle, et l’a menacé des plus grands châtiments ; mais cela ne détruit pas l’effet de la calomnie. Le devoir des ministres est de la punir. Le mien est de la confondre. Je ne sais ni pardonner aux pervers ni abandonner les malheureux. J’enverrai de l’argent à Sirven : il n’a qu’à parler.

M. Marin a dû vous faire tenir un paquet ; c’est la seule voie dont je puisse me servir. J’ai écrit à M. d’Aguesseau[2].

On m’assure que la Sorbonne lâchera toujours son décret contre Bélisaire. Il est difficile de comprendre comment un corps entier s’obstine à se rendre ridicule. Bélisaire est traduit dans presque toutes les langues de l’Europe. L’impératrice de Russie m’écrit, de Casan en Asie[3], qu’on y imprime actuellement la traduction russe.

Je suis assailli, mon cher ami, à droite et à gauche. Je vous embrasse en courant, mais très-tendrement.

  1. Il est tome XXVI, page 355.
  2. Cette lettre, dont il a déjà été parlé dans le n° 6940, manque.
  3. C’est la lettre 6899.