Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7075

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 436).
7075. — À M. LE DUC DE BOUILLON[1].
Ferney, 25 novembre.

Monseigneur, les bontés dont Votre Altesse m’a toujours honoré m’enhardissent à vous faire une prière. On fait actuellement une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. J’ai toujours pensé que la cause de la persécution soufferte par M. le cardinal de Bouillon lui était très-honorable. Il défendit généreusement l’archevêque de Cambrai contre des ennemis acharnés, qui voulaient le perdre pour des billevesées mystiques. Je trouve la lettre qu’il écrivit à Louis XIV, en quittant la France, non-seulement très-noble, mais très-justifiable, puisqu’il était né lorsque son père était souverain de droit et de fait.

Je présume que Votre Altesse a des lettres de M. le cardinal de Bouillon sur cette affaire : si elle daigne me les confier, j’en ferai usage avec le zèle que j’ai pour sa maison, sans la compromettre, et en conciliant les devoirs d’un historien avec ceux d’un sujet.

Si vous m’accordez, monseigneur, la grâce que je vous demande, vous pourrez aisément me faire tenir le paquet contresigné par M. le prince de Soubise ou par quelque autre.

Je joindrai ma reconnaissance à l’ancien attachement et au profond respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monseigneur, de Votre Altesse, le très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
  1. Éditeurs, de Cayrol et François.