Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7141

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 495-496).
7141. — À M. HENNIN.
Ferney, 17 janvier.

Savez-vous bien, monsieur, de qui est l’ouvrage[1] que vous m’envoyez ? de M. le duc de La Vallière. C’est une histoire du théâtre qui fera plaisir au corsaire[2], grand amateur comme moi de ces coïonneries.

Il y a un livre[3] à Paris qui fait grand bruit, et qu’on dit fort bien fait. On y prouve que le clergé n’est qu’une compagnie, et non le premier corps de l’État. Je souhaite assurément que les finances des Welches se rétablissent ; mais le commerce seul peut opérer notre guérison, et les Anglais sont les maîtres du commerce des quatre parties du monde.

Comptez que pour le petit pays de Gex, il restera toujours maudit de Dieu. Mais, en récompense, il bénit la Russie et la Pologne. Ma belle Catherine m’a mandé[4] qu’elle avait consulté dans la même salle des païens, des mahométans, des grecs, des latins, et cinq ou six autres menues sectes, qui ont bu ensemble largement et gaiement. Tout cela nous rend petits et ridicules.

Les ermites entourés de neige vous embrassent bien cordialement.

  1. Bibliothèque du Théâtre-Français depuis son origine, Dresde (Paris), 1768, trois volumes in-8°, dont les auteurs sont Marin, l’abbé Mercier de Saint-Léger, l’abbé Boudot, et quelques autres personnes. On en faisait honneur au duc de La Vallière. Voltaire, dans sa dédicace de Sophonisbe (voyez tome VII, page 37), dit que le duc présida à sa confection, après avoir fourni les matériaux de l’ouvrage. (B.)
  2. M. Hennin fils pense que ce mot désigne l’imprimeur Cramer, grand amateur de l’art dramatique.
  3. Voyez une note sur la lettre 7146.
  4. Cette lettre de Catherine manque.